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Le féminisme, ses mutations et ses constantes, d’une génération à une autre

C’est un mouvement de fond, un flambeau passé de génération en génération, un élan chaque fois retrouvé pour mener le combat pour l’égalité. Mais le féminisme a autant de visages qu’il y a eu, depuis le XIXe siècle, de femmes pour l’incarner : comment, dès lors, les féminismes parviennent-ils à dialoguer ? Comment leurs héritages se transmettent-ils et se transforment-ils ? Féministes d’hier et d’aujourd’hui peuvent-elles se comprendre ? C’est sur ces questions que se pencheront les participantes de la conférence « Féminismes : dans la lignée de nos aîné·e·s ? », qui se tiendra le dimanche 24 mars dans le cadre du festival Nos futurs.
Qu’elles soient séparées par quelques années ou par plusieurs décennies, les « vagues » féministes s’appuient en effet toujours sur les précédentes pour construire une lutte qui leur est propre. « Parce qu’il est à la fois une idée, un mouvement et une conscience, le féminisme est le fruit d’un contexte économique, politique, social et culturel, expliquait Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Angers, au Monde, en 2020. Il est très perméable à son environnement : il se transforme au fil du temps. »
En France, le phénomène est aisément perceptible tant les objets, les méthodes et les références des différentes vagues semblent à la fois le produit de l’histoire et de leur époque. Marquées par les révolutions de 1789 et de 1848, c’est-à-dire par l’instauration d’une communauté politique nouvelle, dont les femmes sont pourtant exclues, les premières organisations féministes se battent inlassablement pour la fin de l’incapacité juridique des femmes mariées, obtenue en 1938, et pour la mise en place d’un suffrage véritablement universel, conquis à la Libération.
Qu’elles en aient conscience ou non, les militantes des années 1960-1970 s’appuient sur ces premières victoires pour contester l’ordre patriarcal là où il sévit encore : dans les familles, au travail, dans leur corps. Portées par l’esprit de Mai 68 autant qu’elles-mêmes le portent, ces féministes de la « deuxième vague » luttent ainsi pour la liberté sexuelle, le droit à l’avortement et à la contraception. Enfin, à partir des années 1990, des militantes reprennent et approfondissent les combats de leurs aînées en disséquant les inégalités hommes-femmes au prisme de nouveaux concepts – c’est le développement des études de genre, des études queer et de l’intersectionnalité. Elles trouveront, à partir de 2017, un sujet commun autour de la question des violences sexistes et sexuelles.
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